HADI – « La force d’avancer »

Il s’appelle Hadi, comme son grand-père.

Vous pouvez aussi l’appeler « Papa », comme cela se fait en Guinée, par respect pour les aînés qui ont porté le même nom.

Hadi est un jeune Guinéen de 25 ans, déterminé à combattre l’injustice. A porter la parole des plus démunis. Un jour viendra, peut-être, où il pourra rentrer au pays et défendre à nouveau ses convictions là-bas. Mais pour l’instant, il suit la longue procédure des demandeurs d’asile en France. Et il attend ses papiers depuis deux ans déjà.

Hadi vient d’une famille Guinéenne aisée. Il est diplômé des Sciences Politiques en Guinée. Pourtant, arrivé en France, il dort quatre nuits dehors, avant d’être hébergé pendant presque deux ans dans un squat sale, aux conditions de vie indignes et inhumaines.

Mais Hadi ne baisse pas les bras. Il sait que tout cela est temporaire. Que ça n’est pas le matériel qui compte.

Malgré les difficultés, il arrive à s’entourer de bonnes personnes, et à poursuivre ses études. Il fournit le double d’efforts, et valide sa licence et le certificat d’études politiques à l’international à Science-Po Lyon. Bien sûr, il y a les nuits trop courtes qu’il passe dans ce squat surpeuplé, et son père qui lui manque tant, mais son désir de porter la parole des plus faibles lui donne toujours la force d’avancer.

Alors Hadi s’engage à être l’un des référents de ce squat de migrants. Il devient rapidement référent central pour faire vivre ce lieu d’accueil du mieux que possible. Dans toutes les négociations, il est en lien avec la Métropole de Lyon, la Préfecture, la Mairie. Et il se considère chanceux d’être assis à la même table que ces dirigeants. Pourtant, n’est-ce pas eux qui ont la chance de croiser son chemin ? Car malgré la précarité de sa situation, Hadi est un homme brillant et inspirant. Il sait où il va.

« Mon objectif, c’est de travailler un jour dans une organisation humanitaire, ou dans une grande institution internationale, comme l’UNESCO, le programme des Nations Unies pour le Développement, ou pour les réfugiés. » confie-t-il. Et Hadi fera tout pour cela. Car pour lui, « si on a emprunté un mauvais chemin dans la vie, il y a toujours un plan B, et si le plan B ne marche pas, il y a un plan C… et ça ne finit jamais en fait ! »

Cette force, Hadi la tient de sa famille. De son père particulièrement. Mais aussi de tous ceux qui l’ont soutenu, et qui continuent aujourd’hui de l’aider quand c’est difficile. Hadi a une immense reconnaissance pour chacun d’eux : L’homme qui lui a ouvert sa porte, ce soir d’hiver où il dormait à la rue… Cette autre personne qui lui a proposé un matelas dans ce collège désaffecté… Cette dame qui lui a ouvert les portes de l’Université… Cette responsable de Science-Po qui le conseille quand il est démotivé… Ou ces camarades de classe qui lui partagent les cours, quand le prof est allé trop vite… Et la liste est longue. Car pour Hadi, il n’y a pas de petite reconnaissance. Pas de petit service.

Grâce à chacun, il est ici à sa place : Il a une copine. Des amis de différents horizons. Et il partage avec eux ses joies, ses peines, et parfois des parties de foot.

« J’aime le football. En regardant les matchs, j’oublie les problèmes du monde entier » confie-t-il comme s’il avouait un péché mignon.

Hadi cuisine aussi souvent. Cela le rend tellement heureux ! « Les hommes en Guinée ne cuisinent presque pas, alors j’ai appris tout seul ici ! A chaque fois que je fais mes sauces, le Mafé, je suis fier de moi, je goûte, je rigole et je me dis  »Yes, j’y suis arrivé ! » ». Son rire, discret mais sincère, est communicatif.

Plus sérieux, il ajoute, comme pour conclure : « On ne doit jamais baisser les bras parce que son projet a échoué, ou parce qu’on dort dehors, ou parce qu’on est en prison. Il faut toujours avoir confiance en soi. Il faut toujours espérer. »

Car pour Hadi, chacun mérite sa place. C’est son combat. C’est sa vie.

Hadi remercie le « Collectif Soutiens Migrants Croix-Rousse », qui s’est engagé aux côtés des habitants du Squat Collège Maurice Scève jusqu’à sa fermeture (expulsion) en septembre 2020.

Après presque deux ans de vie dans ce squat, Hadi est aujourd’hui hébergé par l’association Hospitalité d’Abraham dans un appartement à la périphérie de Lyon.

Le Collectif continue aujourd’hui son action auprès des migrants de la Métropole.

Pour en savoir plus sur ce collectif :

https://collegemauricesceve.org

https://m.facebook.com/CollegeMauriceSceve/

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