
« La vie ne donne pas tout.» Sana le sait bien.
Tunisienne, elle s’est échouée en Italie il y a quelques années, en quête d’une vie meilleure… Puis elle est arrivée en France, il y a sept ans.
Une vie de souffrance, la peur au ventre, mais avec l’espoir d’offrir à ses trois enfants la liberté de choisir leur travail. De vivre leur vie dignement.
Aujourd’hui Sana et sa famille vivent dans un foyer d’hébergement. « Dieu merci ! » dit-elle, n’oubliant pas ces mois de galère à vivre dans une caravane, ou logée chez des personnes en l’échange de services incessants.
Pourtant, pour ses enfants c’est la honte : « Maman, tu ne dis pas que j’habite dans un foyer ! » lui supplie son fils de 10 ans, à la sortie de l’école. Pour elle, c’est comme un coup de couteau.
En attendant ses papiers pour pouvoir travailler en France, ils vivent difficilement, grâce à des chèques services. Mais Sana reste déterminée :« Je suis venue en France pour améliorer ma vie. Je veux travailler. Je ne veux pas que l’Etat m’aide. Je suis jeune. J’ai la force : Je peux travailler.»
Sa demande de carte de séjour est maintenant dans les mains d’un avocat, suite à un refus qu’elle a reçu, il y a quelques mois. Dévastée et épuisée de cette longue attente, Sana continue malgré tout de se battre : « Quand je vois mes enfants, je sais qu’il faut que je sois forte. Quelquefois les larmes sortent toutes seules, même devant eux… Mais vite vite, je recule et je fais quelque chose d’autre, pour sentir que je suis courageuse. »
Sana est aujourd’hui en procédure de divorce : « J’ai résisté 21 années de mariage » dit-elle. « Mais mon mari est un bloc de pierre, je suis fatiguée. »
Pourtant, dans toutes ces difficultés, Sana a trouvé quelque chose… une petite pépite. Serait-ce finalement un cadeau de la vie ?
«Avant, je ne me défendais pas. Si quelqu’un m’insultait ou n’était pas respectueux avec moi, je ne disais rien. J’étais un peu timide… pas un peu… même 80% timide ! » rit-elle. Puis elle continue : « Petit à petit, j’ai trouvé le courage de répondre. Je suis mieux que la première personne, qui était quelqu’un qu’on attaque, qui pleurait cachée. J’ai trouvé la liberté. Comme un prisonnier sorti de sa prison. Je peux exprimer mes sentiments !»
Maintenant Sana aide ses voisins, ou les parents de l’école dans laquelle est scolarisé son fils. Certains ne parlent pas le français, alors elle les accompagne à leur rendez-vous avec le directeur, ou lors d’un rendez-vous de docteur, pour les aider à comprendre, et à se faire comprendre.
« Je suis contente quand j’aide quelqu’un. » dit-elle, le cœur grand ouvert. « J’aime soutenir les familles. Je veux participer à leur douleur, à leur souffrance, pour chercher une solution… ou même trouver des mots qui les aident, qui les encouragent ».
Et jusque dans ses prières, Sana à cette incroyable attention pour les autres :
« Quand tu crois en Dieu, tu lui demandes tout » confit-elle : « Mon Dieu, s’il vous plaît, aidez-moi ! Protégez mes enfants ! Aidez-moi à aider cette famille ! Donnez-moi la force de chercher une solution pour cette famille ! »
« Quelquefois tu trouves la solution en une heure ou deux » dit-elle… « Quelquefois, il faut attendre des années… »
Mais Sana le sait. Elle trouvera le moyen de changer cette vie.
Dans l’école primaire où le fils de Sana est scolarisé, un lieu d’accueil a été mis en place pour les parents. Sana a pu y tisser des liens conviviaux avec d’autres parents, ainsi qu’avec des professionnels de l’éducation. Elle y a trouvé du soutien et des clefs pour accompagner au mieux ses enfants dans leur vie et dans leur scolarité.
A l’heure où l’école tend à creuser les inégalités, ce type d’initiatives favorise la réussite scolaire de tous les enfants, même des plus défavorisés.
Le collectif Mille et un Territoires réunit 17 associations, qui se mobilisent ainsi pour renforcer les liens entre l’école et la famille.
Pour en savoir plus sur le collectif Mille et un Territoires : https://www.1001territoires.fr/
